Elle, juste Elle….

texte erotique club culture BDSM

Elle, juste Elle

Pour une fois, si on essayait de se mettre à la place de l’autre. J’ai essayé (maladroitement) de comprendre ce qui peut bien se passer dans le cœur et l’esprit de ma Reine .

J’ai voulu volontairement m’arrêter avant la séance, pour parler simplement de ce moment si spécial .

Le bruit des mes talons résonnent, Tac, tac, tac, tac. C’est cliché comme entrée je sais mais le but ici est atteint. J’ai horreur des talons, oui ça donne de belles jambes et j’avoue me regarder dans le miroir avec une certaine envie. Mais c’est aussi d’une inutilité incroyable. J’ai besoin d’être stable, précise. Et en talon mon équilibre n’est pas parfait. Hors avec un fouet, une lame, un pique électrique, la précision est millimétrique. Et je suis aussi exigeante avec moi-même qu’avec mon sujet.

J’avance donc, le bruit des pas s’amplifiant, et je suis fière de leur petit effet. Je pousse une lourde porte en acier pour entrer dans la pièce. Immédiatement, une boule de chaleur m’envahit. Elle est là, moka est là. Enchaînée, les bras écartés, les pieds reposant difficilement au sol. J’ai beau l’avoir vu sur les caméras, je ne pourrai jamais me lasser de cet instant magique. Elle est là, tremblante, certainement déjà torturée par ses pensées.

C’est un moment en suspens, hors du temps , presque irréel. C’est le haut des montagnes russes. Tout semble paisible, et on attend la chute. J’avoue que j’adore ce moment comme je le redoute. Et oui les Maîtresses aussi ont le trac . Je peux encore tout arrêter, la détacher et la prendre dans mes bras. On remonterait ensemble, elle serait à mes pieds, lapant son chocolat chaud.

Mais non.

Un sourire sadique se dessine sur mon visage.

Non

Nous approchons d’une nouvelle étape. Je souhaite enfoncer mes serres autour d’elle et pour ça je dois la faire tomber, je dois l’accompagner dans cette chute. Après tout, il faut pétrir l’argile avant même de pouvoir donner forme à ses idées. Je suis prête.

Je m’assure d’abord de ses constantes, un capteur étant posé sur son flanc. Je fais de même avec les instruments, l’entretien de la pièce. Ici c’est moi qui réalise tout. Elle n’a pas le droit d’y descendre. C’est un lieu sacré , et je souhaite que cela reste très spécial pour elle, pour nous . Tout est parfait, j’avoue sentir une petite satisfaction, moka a beau être consciencieuse, je ne le suis pas moins.

Je m’approche, je sais qu’elle peut m’entendre, mais la cagoule étouffe autant les sons que ses cris. Je me retient de lui sauter dessus. Ici nous avons un but, et je ne dois pas céder à mes pulsions. J’ai envie de la brûler, la déchirer, la faire hurler à me supplier pour que dans son regard je sois son salut, et sa mort. Je veux lui faire oublier tout le reste, que la peur et l’amour emplissent son cœur Je veux broyer son esprit.

Stop, je reprends ma respiration, je ne dois pas me laisser emporter.

Délicatement ma main vient se poser sur son corps si frêle, déjà marqué par de nombreuses cicatrices. Le contact me fait monter une onde de compassion et d’amour. Oui je suis paradoxale, j’ai juste envie de la serrer dans mes bras, de la bercer, de l’aimer C’est si … frustrant ! J’ai beau jouer avec son corps et son esprit, elle réussit aussi à me faire ressentir des sentiments complètement paradoxaux.

« Je suis là, c’est le moment » 

Je n’utilise jamais son nom au début et garde un voix froide. Le but est de vraiment la dépersonnifier, c’est un simple objet maintenant. Même un numéro serait trop beau. Je défais la cagoule en latex et doucement lui permet de retrouver ses sens. Son visage est magnifique, même couvert de bave et de larmes. Je l’ai entendu pleurer au début. 

Nous savons toutes les deux ce qui va arriver, enfin plutôt moi. Mais elle s’en doute, et inutile et impossible pour elle de retenir la tension.

Pourtant son regard est empli d’amour et de confiance. J’aime ce regard que j’ai tant travaillé. Ce regard, c’est un regard de chien, un regard animal, puissant, presque religieux. Je suis Sa maîtresse, Sa déesse, Sa Sauveuse. Et j’avoue que son regard d’un seul coup me fait frémir : oui je suis prête ! Oui je sais pourquoi nous faisons tout ça.

Nous avons décidé il y a bien longtemps, qu’elle serait à moi. Pas juste des mots mais une vraie signification. Aller aussi loin que possible, dans la dévotion et l’abnégation.

J’aimerai que ce moment dure des heures, nos regards en suspens. Mais nous avons un long chemin à faire et ce ne sera pas simple. Je te demande de réciter ton mantra, attrape ton joli menton, et plonge mon regard une dernière fois. J’aimerai te dire que je t’aime, oui je t’aime d’un amour fou. Comment pourrait-il en être autrement, comment pourrais-je autant te faire souffrir si je ne t’aimais pas autant? Mais l’amour est aussi un incroyable moteur, qui parfois nous aveugle, mais nous offre aussi la clairvoyance. Et maintenant je vois, je vois déjà ton corps brûlant, saignant, hurlant. Je commence à entendre la promesse de tes supplications, de tes pleurs .

Alors tout doucement, je referme cette cagoule, te plongeant dans les ténèbres et scellant ton destin avec le mien.

A suivre……